Il y a quelques jours, j’ai été témoin d’une très jolie scène dans Paris.
C’est comme si j’avais croisé une personne, quelqu’un, un envoyé, chargé de répandre de la bienveillance. Et gratuitement.
Ce mot « gratuitement » m’a vraiment étonné. Je me suis toujours posé la question pourquoi certaines personnes sont-elles si gentilles, pourquoi elles n’attendent rien en retour, pourquoi sont-elles aussi bienveillantes ?
Détachées.
Détachées est le mot.
Oui.
Je vous raconte.
C’était un dimanche de septembre.
Il faisait beau, les gens étaient de sortie, et moi aussi, avec mon appareil photo, à chercher de jolis instants pour alimenter cette chose.
Je marchais quai François Mitterrand, le long de la Seine, lorsque tout à coup, je croise une jeune – et jolie – femme, le regard vers l’horizon, qui se baisse, et glisse quelque chose à terre contre le muret et au pied d’un lampadaire.
Son geste fut très rapide.
Comme si elle ne voulait pas être démasquée.
Comme si elle était agent secret et qu’elle déposait un objet, discrètement, sans que personne ne fasse attention, ne la remarque.
Et elle continuait son chemin. Sans se retourner.
Mais justement, cet effort de discrétion a suscité ma curiosité.
J’ai alors pris mon appareil et l’ai prise de dos.
En photo hein.
Après l’avoir prise en photo, je l’ai laissée s’éloigner et j’ai fait les 5 pas en arrière pour aller voir ce qu’elle avait posé ou caché contre le muret.
Et j’ai vu ce que vous voyez : elle avait glissé comme un papier, ou un dessin dans l’interstice de la base du lampadaire et du muret.
Elle avait glissé ce dessin : le dôme de l’Institut (là où siègent les académiciens pour ceux qui ne connaissent pas) au bout du pont des Arts dessiné aux crayons de couleurs aquarellables.
Mais quelle drôle d’idée de laisser, cacher un dessin dans le muret? !
Etait-il destiné à quelqu’un?
S’amusait-elle à cacher des dessins un peu partout dans Paris?
Etait-ce une nouvelle forme de Street-Art?
Ce personnage, qui avait maintenant fui, m’intriguait.
Et puis, j’ai eu envie de regarder derrière le dessin : peut-être y aurait-il une date, un nom, un mot?
Ce dessin se révélait être une carte postale dessinée! Avec un message glissé en anglais:
« To whoever finds this postcard. Send it to a loved one and they can share this view with you ».
Je traduis pour les personnes en procès aggravé avec la langue de Chexpir : « À quiconque trouve cette carte postale, envoyez-la à un proche et il partagera cette vue avec vous ».
Elle n’est donc pas agent secret, mais tout simplement agent messager.
Et un agent gratuit, qui dépose uniquement pour le plaisir de partager mais surtout pour le plaisir de faire plaisir.
Cette carte, je l’ai remise à sa place, pour que quelqu’un d’autre la trouve : j’ai estimé que j’avais « triché » en la trouvant et ne l’avais pas trouvée par hasard. Une autre personne a sans doute dû la trouver.
Puisque quelques jours après, elle n’était plus là.
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