Ce jour-là, je comptais aller prendre des photos de la crue de la Seine.
Un peu comme 80% des parisiens, d’ailleurs.
Je n’ai jamais autant vu de parisiens avec leur appareil photo à la main ou autour du cou.
Le parisien aime l’insolite.
Remarquez, on est tous un peu pareil : tant que les catastrophes ne nous touchent pas, on aime les voir. On est bizarrement faits.
Bizarre allait être le mot d’ordre de cette balade.
Je sors de chez moi.
Je préviens, je n’invente rien.
J’ai juste constaté…
J’allais prendre mon métro Place Monge.
Je marche rue Gracieuse, et je tombe nez à nez sur ce bout de tissu. Par terre.
Je le regarde, tout en continuant d’avancer. Je tourne la tête, je le dépasse.
Je m’arrête.
Et je me dis que c’est plutôt insolite.
Je fais demi-tour.
Je retourne voir ce bout de tissu.
Une cravate.
Je la prends en photo.
Mais qui donc a bien pu laisser tomber une cravate ?
Surtout que ce n’est pas une cravate Mickey ou Tintin!
Une cravate noire. Sobre.
Une cravate de soirée.
J’imagine le dandy en smoking.
Un peu saoul. Jouant avec sa cravate.
Autour du front.
Tenant sa belle bras dessus bras dessous. Tant bien que mal.
Encore plus bourrée que lui, riant aux éclats.
Hips.
Et puis hop. Il oublie sa cravate, et elle tombe.
Rue Gracieuse.
Oui, c’est ce qui m’est passé par la tête à ce moment-là.
Châtelet.
Je sors du métro et commence à rejoindre l’île de la Cité.
Je longe les quais.
Je suis quai de la Corse.
Avec tous les photographes venus photographier la crue.
La Seine, cette star des réseaux sociaux le temps de quelques jours.
Et tout à coup, je tombe sur cette chose improbable sur le mur du quai.
Non mais j’hallucine.
Un soutien-gorge accroché au mur !
Alors forcément je repense à ma cravate.
Cravate, soutien-gorge… Ils se sont amusés ces fripons dis-donc.
Ces amants, ils ont donc continué ivres jusqu’à la Seine.
Sans doute qu’ils voulaient voir la crue aussi. Oui.
Elle, encore tellement bourrée, se croyant en Corse – quai de la Corse – aurait voulu faire seins nus justement en face de Paris-Plages ?!
Nan mais ho !
Mais ensuite, j’ai perdu leur trace.
Pas d’autre indice pour l’imagination.
Je ne sais pas ce qu’ils sont deve-nus.
Jusqu’à ce que je tombe, de l’autre côté de la rive.
Passant au pied d’un bel Hausmannien, j’entends du son.
Je lève la tête.
Atypique.
« Ah oui, c’est clur, ce sont eux là-haut. Aucun doute. Qui terminent de dessaouler ».
Et si, pour le séduire, elle lui avait raconté des histoires?
L’aurait-il crue?
En tout cas, jolie scène.
*****
Ah, on me dit dans l’oreillette qu’on aurait aussi entendu parler d’eux ici…
Ca ne m’aurait pas étonné.
Va savoir !
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