Je me souviens bien du premier trèfle à 4 feuilles que j’ai trouvé : j’avais 12 ans, et je faisais un stage de musique. Un après-midi, les moniteurs avaient organisé une chasse aux trésors où il fallait, entre-autre, trouver un trèfle à 4 feuilles. Je me souviens de l’endroit précis, c’était dans ce petit square de Courville-sur-Eure (28).
Les moniteurs avaient d’ailleurs été surpris, car ils pensaient plutôt que nous pouvions tricher, ajouter une feuille à un 3 feuilles ou même en dessiner un.
Bref.
J’ai recommencé à en rechercher d’autres, 30 ans plus tard, lors de mes marches bivouaquées, dans la Creuse, la Corrèze et dans l’Est Ile de France.
A droite, la tête des mauvais jours quand je ne trouve pas de trèfle à 4 feuilles (ou qu’un sanglier m’a réveillé)
Je me suis mis alors à en chercher, de temps en temps, lorsque j’avais envie de me poser et surtout de m’apporter un petit bonheur du jour en en trouvant un. C’est une activité très relaxante, et à vrai dire, il suffit surtout d’être patient : on raconte que statistiquement, il y aurait un trèfle à quatre feuilles pour 10 000 trèfles à trois feuilles. Ça reste donc un produit rare, et je reste toujours autant excité lorsque j’en trouve un, comme l’impression de trouver un petit trésor.
Pour en trouver, c’est très simple : il faut prendre le temps de dédier justement de ce temps à la recherche. Par exemple, donnez-vous 20mn de recherche, accroupi, à toucher les trèfles avec les mains, les retourner, chercher.
L’année dernière, j’ai passé une petite semaine au vert, à Milly La Forêt, dans l’Essonne. Ce n’était pas une semaine dédiée à la recherche de trèfles hein, non… mais sur le bord d’une route, j’ai trouvé un, puis deux, et trois puis finalement 7 ou 8 je crois, trèfles à 4 feuilles. Et même deux à cinq feuilles.
J’en suis venu à constater le parallèle avec les cèpes : dès qu’on en trouve un, il faut regarder autour…
Que faisais-je de ce butin ? Eh bien rien.
Les trèfles dormaient sagement compressés entre deux pages d’un bouquin quelconque (même pas romanesque ou inspirant). Il m’est certes arrivé d’en offrir un ou deux, juste « histoire de », mais sans aucune finition dans un éventuel support, emballage.
Et puis, en mai 2021, je suis retourné dans ma bulle verte à Mennecy (91), revoir le parc Villeroy (qui accueille la seconde plus belle allée de Séquoias en Europe, que j’ai découvert il y deux ans et que je racontais ici).
Et là-bas, sur une surface de quelques mètres carré seulement, j’ai trouvé plusieurs dizaines de trèfles à 4 feuilles. Un mois après, je revenais au même emplacement, et j’en trouvais de nouveau plusieurs dizaines : tout comme les cèpes, il faut donc revenir sur les zones où on en trouve.
Je me retrouvais avec tous ces trèfles : il fallait que j’en fasse quelque-chose, car ils perdaient peu à peu leur couleur et de leur qualité après des mois coincés entre deux pages, dans le noir.
J’avais en tête le moustique figé dans l’ambre de Jurassic Parc.. et j’ai alors voulu faire la même chose avec mes trèfles : l’idée de la résine transparente m’est venue après quelques recherches.
La deuxième étape était alors d’en faire pourquoi pas des bijoux : des pendentifs, des bagues, des boucles d’oreilles, des bracelets…
Après moults recherches et tests, j’arrivais enfin à contrôler une petite chaîne de production maison.
Pour leur faire garder une chouette apparence, je les fixe seuls d’abord dans la résine.
Ensuite, je créé des cabochons en résine dans lesquels je glisse mes trèfles.
La résine est un peu spéciale : il a fallu que je m’équipe d’une balance électronique de précision car la résine est le résultat de deux produits : un durcisseur et la résine. Il faut 2/3 de résine pour 1/3 de durcisseur pour que, 24 heures après, le cabochon qui enferme le trèfle soit prêt.
En fond de support, sur les pendentifs, bagues, je colle un morceau de lettre issue d’une correspondance entre un fantassin de la première guerre et sa bien-aimée. Je n’avais jamais rien fait de cette correspondance de 1916 que j’avais trouvée en 2007 à la braderie de Lille. J’ai pensé que c’était une bonne idée qu’elle reprenne vie en compagnie d’un trèfle.
On a donc deux objets rares : le trèfles à 4 feuilles et un morceau découpé d’une correspondance amoureuse de 1916.
Comme ces lettres sont rares, j’ai toutefois gardé les originaux et fait plastifier un modèle que je réédite.
Et au final, voici la collection actuelle (il manque les boucles d’oreille).
Que vais-je en faire ? Je vais sans doute créer une boutique sur Etsy, pour en proposer à la vente, en sachant qu’à la place de la lettre en fond, ces bijoux peuvent être personnalisés.
Les bagues ont des diamètres de 20mm, les bracelets 25mm et les pendentifs 25 et 30mm.
Je suis surtout preneur d’idée et d’avis sur ces premières créations.
Et puis je vais aussi en offrir, et sans doute en disséminer cachés au hasard, car j’aime bien le principe de cacher des objets qui seraient trouvés par des chanceux un peu aussi comme cette personne qui s’amusait à parsemer ses cartes.
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