Détachement et isolement : loin de la victoire de la coupe du monde 2018

7 septembre 2018 / Mots de Menilmonde / 0 Comments /

Je crois qu’au fond de moi, je voulais que la France soit championne du monde au foot pour deux raisons : que ce soit la fête et qu’on renoue avec cette victoire 20 ans après les bleus de Zidane, et puis pour pouvoir écrire ce texte. Et puis car il fallait que je prenne en photo cette liesse populaire pour illustrer ce texte.

 

Donc Imaginons.
Pensez-vous qu’il serait possible, pour un fan de football, de rater de manière intentionnelle la finale pour réaliser une expérience sur le détachement et l’influence de tout ce qui nous entoure ?
Je vais bientôt être plus clair.

 

Oui, j’ai tenté de voir ces fameux champions sur les Champs, mais j’ai juste réussi à attraper la coupe.

 

 
Tout d’abord, le détachement.
Quand je suis retourné en Mauritanie en décembre 2017, dans le groupe il y avait un jeune quarantenaire aussi, qui prenait des photos mais pas avec un énorme appareil photo, juste un petit boitier standard et deux objectifs. D’ailleurs, je me souviens qu’il avait « peur » pour moi avec le sable dans mon appareil, vu que j’avais tout le temps mon appareil à la main ou au bout de mon trépied. Il rangeait à chaque fois son appareil dans un sac hermétique : très discipliné (ce que je ne suis pas). Nous avons beaucoup échangé sur la photo.
Il me racontait donc que quelques années avant, il était parti au Népal, pour une rando d’une quinzaine de jours. Il avait hâte d’y être et de prendre des photos. Il avait choisi aussi ce voyage pour prendre des photos.
Tout bascula lorsque le premier soir, en arrivant à la gare routière, il s’est fait voler son sac qui contenait tout son matériel photo (de pro à l’époque). Il lui restait alors 14 jours à passer au Népal, sans pouvoir prendre de photo.
Il a appris le détachement. Sous la contrainte. Le détachement : c’est donc ça…
Quand il m’a raconté cette histoire, je suis resté bouche-bée : forcément, je me suis projeté.
Et si cette histoire devait m’arriver ? Etre dans un lieu choisi, pour y réaliser un film, une vidéo, prendre des photos… et puis plus rien, et être contraint d’appréhender ce lieu sous un angle différent. Ne plus rien avoir, et apprendre le détachement.
Gloups.
 

Le détachement s’apprend partout : dans le désert ou pas.


 
 
Pour mon fan de football, qui voudrait réaliser une expérience en ratant intentionnellement une finale de coupe du monde, je pense que le détachement serait du même ordre que mon randonneur photographe de Mauritanie.
Mais il aurait un double but : trouver le détachement pour ne pas assister à la finale de la coupe du monde, et tenter l’expérience de trouver un lieu en pleine campagne où il ne pourrait savoir si La France aurait gagné ou pas.
Car ce dimanche 15 juillet 2018, à l’ère de la modernité, je me suis posé la question s’il existerait un lieu en France, où durant le match et quelques heures après, il serait impossible de connaitre le résultat ? Ne serait-ce qu’un coin de campagne, éloigné de toute forme de vie et de célébration. Ce serait une sorte de défi.
 

Sans doute faudrait-il être ici pour se sentir « coupé du monde »?


 
 
L’isolement.
Sur la carte ci-dessous, j’ai représenté les communes des centres-bourg où aucun réseau mobile de Data 2G ne passe en 2018 (oui je suis aussi cartographe de métier). Alors cela étonne ou pas : il reste encore des zones sans réseau de Data (il ne s’agît pas du réseau de télécommunications mais bien de la Data internet) et puis on se dit aussi qu’il ne reste quasiment plus de territoire non connecté. Souvenez-vous, il y a 20 ans, Internet en était encore à ses balbutiements : 20 ans après, on a tous accès à internet, et sur nos Smartphones qui eux, n’existent que depuis à peine 10 ans.
En août, j’ai marché seul dans la Creuse, pour un « foot-trip » avec un sac à dos et mon matériel video/photo. Et j’ai croisé peu de zones où le téléphone portable ne captait aucun réseau : on reste connecté tant qu’on n’éteint pas son téléphone. En Mauritanie l’année dernière, c’était la même chose : très peu de zones non couvertes, alors qu’en 2004 quand j’y suis allé pour la première fois, très peu de zones étaient couvertes.
 
En rouge, les communes non couvertes en Data 2G en 2018

En rouge, les communes non couvertes en Data 2G


 
 
S’il ne pouvait se retenir de se connecter à Internet avec son mobile tel un fumeur pas encore prêt à arrêter, il faudrait que notre bonhomme se retrouve dans une de ces zones rouges. Attention, ça implique aussi qu’il s’éloigne du bâti car les habitants ont toujours leur TV!
L’isolement idéal serait éloigné de plus de 5km d’une maison : ne pas voir de maison. Je recherche donc activement une base de données carto qui recenserait tous le bâti de France, y compris les hameaux et les maisons perdues : dans ce cas je pourrais alors sélectionner les zones les plus éloignées de toute maison et des routes. Oui les routes aussi : notre bonhomme ne serait pas à l’abri d’hurluberlus qui klaxonneraient et ainsi spoileraient le résultat.
Donc si au final on ne sélectionne que les zones à plus de 5km par exemple d’une maison ET d’une route à la fois, il ne doit plus rester grand chose, voire même aucune zone…
 
 
Promis, je mettrais à jour ce post quand j’aurai mis la main sur la base carto, et histoire que notre gars ne rate pas une nouvelle finale pour rien… En 2022 peut-être? En tout cas il faudra qu’il aime le froid aussi, car la finale 2022 sera au Qatar et en décembre…
 
 
 
 



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