Je suis entré dans la rame de métro.
Elle était là. Seule.
Je l’ai observée. Avec attention.
Je me suis approché d’elle. Penché vers elle.
Accroupi à côté d’elle.
Son voisin a commencé à me regarder. Avec de drôles d’yeux.
J’ai sorti mon téléphone. Avec discrétion.
Et je l’ai prise en photo. Sans aucune gêne.
Oui oui.
Elle est un vrai condensé de technologie.
Elle est surtout le fruit du progrès.
Mais comme tout progrès, elle reste fragile.
Il y a encore sans doute vingt ans, on aurait pensé qu’elle serait venue droit du futur.
D’ailleurs, on se serait demandé de quel genre d’objet il aurait bien pu s’agir.
Mais elle, elle était là, à terre, gisait au milieu des pieds, prêts à la piétiner.
Justement, dans un lieu où des centaines de milliers de paires de pieds se côtoient et se croisent.
Elles fonctionnent par paire aussi. Mais elle, elle était devenue orpheline.
C’est d’ailleurs un peu comme toutes les paires : dès qu’une disparaît, l’autre n’a plus qu’une utilité limitée.
D’ailleurs ce serait intéressant de se demander, de trouver quel genre de paires serait toujours utile si elle n’était plus qu’une…
Outre la paire de baffe hein, on est d’accord.
Orpheline, et surtout réduite désormais à une durée de vie limitée.
Elle, l’oreillette sans fil par terre dans le métro.
Il y a forcément un côté triste.
Triste pour elle. Ce n’est qu’un objet, mais elle est séparée de sa jumelle.
Triste aussi pour son propriétaire.
Qui peut-être ne s’était pas rendu compte alors qu’il avait laissé tomber l’objet.
C’est même sûr puisque elle était là. Je raconte n’importe quoi là.
Donc triste aussi pour son propriétaire.
Surtout quand il va se rendre compte qu’une oreillette s’est perdue.
Une oreillette, sans fil. Sans fil pour la retenir.
Ah oui c’est bien beau de faire des oreillettes sans fil.
Mais sérieux, on se doute forcément que ces oreillette sont vouées à être perdues !
C’est un peu comme si donner une paire de gants non attachés à la manche, à un gamin de moins de 5 ans.
On est tous passés par là, avec nos gants qui pendouillaient.
Quand je l’ai prise en photo, les gens se demandaient pourquoi je me mettais accroupi dans le métro à prendre en photo l’oreillette.
Surtout que je n’y ai pas touché, laissée telle quelle. Qu’est-elle devenue d’ailleurs?
Promis, si je la retrouve, je lui demanderai.
J’écouterai ce qu’elle à me raconter.
Dans n’importe quelle oreille, tant qu’elle me chantonne une jolie histoire.
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