« Bonjour »

10 octobre 2017 / Mots de Menilmonde / 1 Comment /

Enfant, j’ai grandi dans un petit village de province.
Et j’ai eu une période durant laquelle je disais « bonjour » à chaque personne que je croisais.
Oui, je devais sans doute avoir moins de dix ans je crois.
Pour aller chercher le pain, les cinq personnes que je croisais, je leur disais toutes « bonjour ».
Pour aller chez le coiffeur, les trois personnes que je croisais, je leur disais toutes « bonjour ».
Etrange, non ?
 

 

Est-ce que j’étais bien élevé ? Là n’est pas la question. Ca me semblait normal.
De dire « bonjour ».
Même mon meilleur ami faisait la même chose.
Il disait « bonjour ». Aussi.
Même aux personnes que nous ne connaissions pas.
 
 

Et puis le temps passe.
On grandit.
On ne dit plus obligatoirement « bonjour » à toutes les personnes qu’on croise.
Même dans mon village.
Seulement à ceux qu’on connait.
Qu’on choisit.


 

Plusieurs fois, j’y ai repensé.
Quand j’ai quitté mon village pour aller dans une ville plus grande, au lycée.
Non, ce n’est pas possible, on ne peut pas dire « bonjour » à tout le monde.
Quand j’ai quitté la ville plus grande du lycée pour la ville encore plus grande, à l’université.
Non, ce n’est pas possible, on ne peut pas dire « bonjour » à tout le monde.
Quand j’ai quitté la ville encore plus grande de l’université pour la ville fichtrement plus grande, pour travailler.
Paris.
Non, ce n’est pas possible, on ne peut pas dire « bonjour » à tout le monde.
Quand j’ai quitté la ville fichtrement plus grande pour travailler pour la ville la plus grande du monde, pour la visiter.
Shanghai.
 

 


 

Vous imaginez ?
Dire bonjour à tout le monde ?
C’est techniquement impossible dans certains lieux.
Mais ce serait drôle. Très drôle.
 
 

Imaginez-vous, dire bonjour à tout le monde que vous croiseriez.
Dans un musée.
Dans une rame de métro.
Dans une salle de restaurant chic :
« Bonjour », « bonjour », « bonjour », « bonjour », « bonjour », « bonjour »…
Dans la file d’attente en porte d’embarquement d’un aéroport.
En sortant de l’avion, dans la file d’attente des formalités de douane à Buenos Aires :
« Hola », « hola », « hola », « hola », « hola  », « hola  »…
Avouez que ce serait une formidable expérience.
De toute manière, a-t-on quelque chose à perdre finalement ?
Quel serait le risque ? Aucun.
 

 


 

Alors ça pourrait être un jeu aussi.
Juste une heure alors.
Histoire de se bouger l’cul !
Et pour une bonne partie de rigolade.
 
 

Et forcément, vous me direz, tout ça, il faudrait le filmer…
 
 



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